Archive pour août 2010

30
Août
10

Glossaire pratique pour voyageurs impénitents (région de Shanghai)

Comme promis voici un petit glossaire rapide et non exhaustif sur les trucs utiles à savoir pour effectuer un voyage à Shanghai et dans la région. Je rédigerai le deuxième post sur le thé promis dans le billet précédent dans le courant de la semaine (si j’ai le temps…).

Ce glossaire est rédigé à l’attention d’éventuels voyageurs qui passeraient sur ce blog.

Dans la mesure du possible votre serviteur peut aussi répondre à vos questions si vous souhaitez vous lancer dans un périple similaire (ou me témoigner votre affection)(ou juste pour rire). Pour me contacter utilisez l’adresse mail suivante en enlevant tous les chiffres après « presduyangzi » (c’est une ruse de sioux pour que le mail ne soit pas enregistré par les robots spammeurs) :

presduyangzi123456789@teaser.fr

(si tu es un robot spammeur inutile d’insister : je ne me ferais pas opérer)

(si tu es un humain et que tu veux m’envoyer un mail, as tu bien retiré les chiffres après « presduyangzi » et avant le « @ » ?)

Les thèmes abordés dans le lexique sont listés ci-dessous. Je compléterai éventuellement la liste si je survie à ma rentrée professionnelle :

Coût de la vie : quelques indications sur le coût de la vie là bas

Guide touristique : pourquoi ils sont inutiles

Internet (accès) : oui on peut éviter l’enfer de la déconnexion

Internet (limitation d’accès) : un sujet élégant et original pour animer les soirées (feature remix : c’est quand même vachement mieux ici avec toutes nos libertés, bla bla bla)

Métro (Shanghai) : pistes pour apprivoiser l’animal souterrain

Moyens de paiement : les trucs à savoir pour foutre en l’air la balance commerciale de la France

Prises électriques : pour pouvoir brancher son portable (cf la partie : Internet (accès))

Taxi : A défaut de faire la conversation avec le chauffeur, s’en servir (pas du chauffeur : du taxi !)

Téléphone portable : parce que l’utilisation de votre téléphone portable pour contacter vos hôtes peut vous coûter un loyer parisien

Trains : la faune ferroviaire : mœurs, rites, joies (et peines)

Coût de la vie

Hors Shanghai, le coût de la vie est assez modéré pour nos bourses européennes (par contre localement….) . Voici quelques exemples de prix payés durant notre séjour (pour Shanghai ajoutez 30 % de plus). Le taux de change au 28/08/10 était de 1 yuan pour 0,116 euros.

  • Un repas au resto : comptez entre 30 et 50 yuans par plat, notez qu’on prend rarement un seul plat et que ceux ci sont toujours partagés. Pour une famille de 3 personnes on peut très décemment manger pour 110/130 yuans (150/180 à Shanghai). Certains produits spécifiques restent « chers » : les fruits de mers dans les restau spécialisés, les nids d’hirondelles (qui ressemblent à du vermicelle et auxquels je ne trouve que peu d’intérêt culinaire), …
  • Dans la rue on peut acheter pas mal de choses ingérables. Il faut aimer le gras, l’huile et avoir un estomac avec triple blindage anti-fuites. Le mieux étant quand même de se faire conseiller un endroit par un ami chinois qui a pu le tester (et n’est donc pas mort). Nous avons pu ainsi prendre à Nanjing un délicieux petit déjeuner (lait de soja + cette pâtisserie frite qui ressemble un peu à nos churros et dont je ne connais pas le nom) pour 9 yuans pour 3 personnes (1 euro !)…
  • Les coûts de transport restent aussi modérés :

– En train : 180 yuans/20 euros pour faire Zhenghzou/Lyanyungang (500 km)
– En avion : 700 yuans pour faire Nanjing /Zhenghzou (600 km)
– En taxi : les 3 premiers km sont forfaitaires (12 yuans à Shanghai, entre 6 et 10 ailleurs) et après le prix au km varie entre 1.2 et 2,4 yuans
– On peut louer des vélos à Shanghai et Hangzhou mais je ne connais pas les prix

  • Le thé est moins cher qu’en France mais l’intérêt est surtout dans l’offre qui y est infiniment plus vaste. (j’écrirai un article sur ce sujet qui me tient à cœur)
  • Le matériel informatique/électronique n’est pas forcément plus avantageux qu’en France. On peut espérer une légère baisse (négociable) mais l’absence de garantie et de manuel d’instruction relativise singulièrement l’intérêt de l’opération. Les pubs pour les portables vus dans le métro de Shanghai les annonçaient au même prix qu’en France (400 euros pour un modèle bas/moyen de gamme)
  • Les vêtements de marques, accessoires et parfums et d’une manière générale tous les produits des multinationales de la distribution sont au même prix qu’en France.
  • Les entrées dans les musées commencent vers 40 yuans. Pour certains monuments ou jardins les prix peuvent s’envoler (140 yuans pour l’aquarium de Shanghai).

Guide touristique

Nous sommes partis avec deux guides tous deux édités en 2008 : le « lonely planet » et celui de la collection « voir ». Hormis pour les trucs incontournables ces guides sont parfaitement inutiles : les choses changent vites et même une édition de l’année ne peut garantir la validité des informations. Détail amusant pour illustrer ce point : dans le Lonely Planet de 2008, il est mentionné que Shanghai a 3 lignes de métro, en aout 2010 le nombre exact de lignes était … 13 !!

A Shanghai une ressource fiable et gratuite, le magazine « that’s Shanghai », en anglais, qu’on trouve dans les magasins et les restaurants « branchés ». Si on laisse de coté les articles (mix étonnant de flagornerie commerciale et d’éloge des meilleurs recettes pour claquer sottement son pognon) et qu’on se concentre sur la liste d’adresses en fin de magazine on obtient un guide tout à fait valable des lieux où sortir et/ou se restaurer. Certes on n’y trouvera pas le petit resto de quartier mais c’est une solution pratique si on est en manque de cuisine du Sichuan. Le website du journal permet aussi de retrouver quelques informations pratiques.

Internet (accès)

Le couchsurfeur avisé peut demander à son hôte de bénéficier de sa connexion mais c’est parfois délicat. Les accès alternatifs à internet sont pourtant légions et on trouve de nombreux réseaux wifi ouverts :

  • dans les chaines de restaurant chinoises et étrangères
  • dans la plupart des hôtels (avec un très bon débit)
  • dans la « rue » : les réseaux ouverts par oubli/mégarde/mauvaise configuration sont fréquents. La plupart des cryptages utilisés sont du wep. Les amateurs de frissons peuvent ressortir leur aircrack-ng favori : je ne connais pas les sanctions mais à mon avis ce n’est pas très bon (gloire à tous les geeks qui auront compris cette phrase à la première lecture ! pour les autres pas de panique : c’est pas grave, on peut vivre sans)

Chez les particuliers, la connexion au modem se fait via un routeur. Il s’agit en général de petits TP-Link standards dotés de plusieurs ports ethernet : un simple câble RJ45 permet de s’y brancher sans aucune configuration.

Je ne sais pas comment fonctionnent les cyber-cafés n’ayant jamais eu à les utiliser.

Internet (« limitation d’accès »)

En août 2010, les sites suivants sont inaccessibles (au moins dans la région de Shanghai) : facebook, Dailymotion, les blogs chez blogspot.com.

Twitter ne fonctionne pas non plus.

Pas de filtrage spécifiques sur le reste (j’ai pu me connecter en SSH à la maison sur un port guignolesque et à mon hébergeur sans soucis)…

Métro (Shanghai)

Utilisation très facile surtout que les stations sont écrites et annoncées en Chinois et en Anglais. On peut acheter des billets à l’unité (entre 5 et 10 yuans). Le mieux est d’utiliser la carte SPTC (pour « Shanghai Public Transportation Card »). Cette carte est disponible contre le paiement d’une somme forfaitaire de 20 yuans aux guichets « Service Center » qu’on trouve dans toutes les stations.

La carte SPTC (exemplaire personnel de l’auteur). Le lecteur sinophile avisé aura tout de suite remarqué les deux caractères de la ligne du haut en bas à droite; Il aura magistralement compris que ceux ci se lisaient « Shang » et « Haï » et que la concaténation des deux caractères permettait de produire le mot « Shanghai » (c’est tout con en fait).

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La carte s’utilise comme une carte de paiement du métro : on la crédite avec des yuans qui sont débités à chaque utilisation du métro. Le montant du débit varie en fonction de la distance et est moins cher qu’un paiement à l’unité.

Certains taxis acceptent l’utilisation de la carte en règlement de la course mais elle ne permet pas -comme son équivalent à Hong Kong- de régler de menus achats dans l’enceinte du métro.

Pour ceux qui aiment la marche attention aux distances entre deux stations qui sont parfois loin d’être négligeables.

Moyens de paiement

A Shanghai la carte Visa peut parfois être utilisée. C’est loin d’être le cas général et il est prudent d’avoir du cash sur soi en permanence car les appareils ont une furieuse tendance à ne pas fonctionner. De nombreux magasins affichent le logo « Union Pay » qui ressemble vaguement au logo Visa mais est maqué avec MasterCard (à confirmer) : le voyageur en Visa et avisé ne se laissera pas leurrer !

Il n’est pas possible de payer par carte pour les billets de trains dans les gares. Pour les billets d’avion de Nanjing à Zhenghzou nous avons également du payer en liquide.

En dehors de Shanghai, votre carte de paiement ne vous servira qu’à retirer du liquide dans les distributeurs.

A propos de distributeurs, ceux ci ne fonctionnent pas tous. Ont été testés ok : ICBC, Bank of China.

A Shanghai, certains taxis accepte la carte de métro IC.

Prises électriques

C’est du 220 v. Les chinois ont inventé la prise universelle qui accepte les fiches américaines, françaises et d’autres venues de mondes inconnus. Pas d’adaptateur requis donc dans la région de Shanghai, et les provinces du Henan, du Jiangxi, du Zhejiang et du Guangdong (au sud). Adaptateur grand breton impératif si vous allez à Hong Kong.

Taxi

Le transport d’appoint par excellence. Efficace et relativement peu cher : les 3 premiers km sont un montant forfaitaire (12 yuans à Shanghai jusqu’à 6 dans une « petite » ville comme Lianyungang) et entre 1,4 et 2,4 yuan par km supplémentaire après. Assez fiable, il faut juste s’assurer que le compteur est activé (ce qui se fait en rabaissant le petit panneau situé en face du passager avant) en cas de problème faire comme les chinois : crier et agiter les bras (ca marche).

Aucun ne parle anglais, la plupart ne le lise pas : si vous ne connaissez pas l’emplacement de votre destination il est indispensable de se la faire écrire sur un papier par un ami chinois sinon vous ne serez pas compris (et dans le pire des cas votre chauffeur vous plantera au milieu de nulle part).

A l’arrivée des gares et des trains, les taxis publics ont toujours un emplacement dédié clairement identifié. Evitez les sollicitations nombreuses et très insistantes des types qui vous sauteront dessus en voyant votre tête passablement étrangère.

A Shanghai, on peut les solliciter pour de petits trajets (jusqu’à la prochaine station de métro, ils ne seront pas forcément réjouis mais resteront polis, courtois et ne vous menaceront pas d’égorger la moitié de votre famille et de violer le chien de votre tante comme leurs homologues parisiens).

Téléphone portable

Indispensable à tout couchsurfeur ! On trouve sur place des SIM pour un prix modique (50/60 yuans) qui devraient faire l’affaire sur un téléphone européen désimlocké. Pour l’acquisition de la SIM il faut impérativement être muni d’un passeport si vous allez dans un magasin « China Mobile ».

Si la carte SIM ne fonctionne pas avec votre téléphone européen on trouve des téléphones à bas prix (400/500 yuans) chez la plupart des opérateurs locaux. On doit pouvoir trouver encore moins cher en occasion. Attention : une carte SIM achetée à Shanghai sera utilisable dans le reste de la Chine mais la recharge des crédits de la carte en dehors de la région où elle a été achetée est une opération complexe (on a du aller dans un magasin « spécial » indiqué par notre hôte, sans lui nous n’y serions pas arrivé).

Les cartes SIM à petit prix ne permettent pas d’envoyer de SMS à l’étranger. Par contre le nombre de SMS envoyable localement est assez important. Budget total communication pour 3 semaines de Couchsurfing : 100 yuans.

Trains

L’épreuve du feu en chinois ! La plupart des employés des chemins de fer parlent encore moins l’anglais que vous le chinois. Ajoutez à cela que les queues pour obtenir un billet dans les grandes gares sont à l’échelle du pays et que l’achat de billets se fait entre deux chinois énervés par leur attente le tout dans un brouhaha indescriptible et le décor est planté. L’achat de billets pour de longues distances doit se faire le plus longtemps possible à l’avance. Pas de réservation possible via internet pour l’instant. Pour les trains couchettes, l’opération est encore plus complexe : nous avons du passer par une connaissance d’une connaissance d’une connaissance. Les conditions de voyage sont décrites par votre serviteur dans le billet nuit de folie dans le train. Notez qu’il existe une classe supérieure que m’a indiquée Luna (de Zhengzhou) avant de partir, ca s’appelle « RUAN WO », je suis passé dans le wagon qui les contenait, ça avait l’air effectivement mieux mais je n ‘ai pas pu juger par moi même.

Pour acheter un billet la meilleure solution semble être de demander à votre hôte de réserver et/ou acheter les billets avant de venir si vous ne voulez pas devoir acheter un billet d’avion en catastrophe comme ce fut le cas pour nous.

26
Août
10

Shanghaï suite et fin…

Position géographique : dans l’avion quelque part au dessus de la Mongolie

Pas d’upload hier de l’aéroport de Moscou pour cause de bordel sans nom et de terminaux d’arrivée et de re-départ pas copains. On est rentré. Upload fait de la maison avec les vidéos et tout et tout.

Ce blog touche à sa fin.

Je promets toutefois encore deux post :

  • un glossaire pratique de notre visite à Shanghai
  • un petit post sur la magie du thé

Après Lianyungang, on était sensé filer sur Yancheng pour une expérience écolo intense et intégrale : passer deux nuits au sein d’un village au milieu d’une réserve naturelle où poussent des tas de plantes et une espèce rare d’antilopes. Sur le papier ca avait un air de retour vers le vert avec ébahissements silencieux, éclairage à la lampe à pétrole qui pue et baston rangée contre les moustiques. Sauf qu’il ne s’est rien passé de tout celà : la personne qui devait nous héberger a disparu (dans la nature justement) et ni les envois de mail insistants, ni les appels téléphoniques sur une ligne que nous découvrons « bloquée » ne permettent d’entrer en contact avec elle. En européens convaincus, nous décidons d’activer le plan B et de retourner à ShanghaÏ.

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Le plan B : retour à Shanghaï (détail)

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Le plan B : retour à Shanghaï (autre détail)

Ces derniers jours à Shanghaï seront marqués par l’imminence de la fin et l’envie frénétique de visiter ce que nous n’avions pu pas eu le temps de faire la première fois.

Nous visitons tout d’abord le musée de Shanghaï, trés belle réussite dont on se fait éjecter avec insistance parce que c’est l’heure de fermer. Sur les quatres étages nous ne parvenons qu’à en visiter un et demi. Grosse frustration tant ce musée est bien fait.

Puis nous nous offrons une visite à l’aquarium de Shanghai (Ocean World) qui, à l’exception du tunnel de 120 mètres qui permet de se déplacer au milieu de la fosse à requins n’a finalement d’intérêt que pour les amateurs de poiscailles en bac.

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Des crocodiles du Yangzi, deux poissons dont j’ai stupidement effacé la photo du texte descriptif et des bonnes vieilles carpes Koï.

Certes y a des écailles mais ormis quelques sections intéressantes (sur la faune du Yangzi par exemple) le rapport qualité/prix (près de 15 euros !!!) est assez décevant.

  • Deux petits films de la section « banc de poissons » ici et .
  • Quelques secondes de requins pleins de dents évoluant au dessus de la galerie (fond sonore intégral : oui ca crie, ça hurle, ça parle fort : on est en Chine !).

Nous ne retournerons pas aux jardins de Yu Yuan mais un après midi nous nous laissons aller à la réverie dans le parc Fuxing.

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La chaleur qui s’est abbatue sur Shanghaï est écrasante et ce parc semble miraculeusement avoir échappé à la lourdeur ambiante.

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Dans ses allées impeccables du parc, il y fait un peu plus frais et on pourrait presque s’y promener sans transpirer. Comme tous les espaces verts en milieu urbain qui sont bien faits il nous apparaît comme un havre de paix où la chaleur, l’humidité et la cacophonie ambiante semblent apaisées… On y trouve des praticiens de Taï Chi (et des bébés curieux) :

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Mais aussi (plus rare) des chinoises qui sortent leurs poissons rouges (!) :

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Poisson rouge commun de ville

Et même, non pas de l’herbe à chats, mais carrément des arbres à chats :

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Félix arbor vulgaris

Dans un coin du parc, à quelques mètres des pubs géantes pour Coca et Pepsi (qui se livrent ici une guerre impitoyable) à peine remarque t on la statue de ces deux types dont on se demande qui ils ont pu être et quelles oeuvres ils ont bien pu laisser derrière eux.

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Artistes (?) du XIXème

Le jour d’après nous nous abandonnons aux affres du toursime de masse : croisière sur le Huangpo. C’est assez cher (100 RMB pour une heure), la clim est pas top et les sièges moyennement confortable mais nous décrouvrons l’autre face de Shanghai.

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Mélange étonnant d’une archecture au modernisme le plus échevelé

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Avec les formes trés coloniales du bund (ou j’ai encore foiré mon pano mais on est au dessus de la sibérie)(je sais pas si c’est viable comme excuse) :

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L’après midi nous nous dirigeons vers un quartier mal fréquenté de Shanghaï : Moganshan Lu et ses galeries d’artistes.

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Le quartier a été plus ou moins réhabilité par la mairie, ça permet de savoir où sont les artistes et de les laisser créer dans leur coin. En la matière, les quelques éléments de la scène contemporaire artistique prouvent qu’ils ne perdent pas la main.

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Nous nous laissons aller à la découverte de quelques galeries puis nous replions dans un café : trop chaud.

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Le café où nous avons remercié l’inventeur de la climatisation.

Avant dernier jour.

La perspective de rentrer me colle un coup de blues. Dans un taxi je laisse tourner l’appareil en mode film et essaie vainement de capturer quelques minutes de notre trajet dans les abords de l’ex-concession française. Le résultat exceptionnel de cette expérience mal cadrée, mal foutue avec un son pourrave mais où on m’entend vanter les mérites de la France est visible ici (la phrase exacte proférée par votre serviteur à la fin après que Branka ait dit que c’était « very leafy » est : « yes if it’s beautiful : it’s french my love ! »). Sinon, j’attrape aussi l’image de ce type :

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Peut être que lui il fait la gueule parce qu’il reste….

Nous terminons l’après midi par une visite à Tianzifang. Tianzifang est comme la butte Montmartre : un bout de vieille ville qu’on s’est décidé à garder avant de bazarder tous le reste.

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C’est un échantillon de la vieille Chine, celle qu’on imagine découvrir en arrivant ici et en oubliant que le mot « passé » est pour la plupart des chinois un mot anecdotique. De leur pays, ils ne veulent voir que les buildings riches et ultra-modernes du quartier de Pudong. La Chine en petites ruelles dans lesquelles ne s’affaire plus qu’une population de touristes est comme le passé : une anecdote.

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Bon, certes, une anecdote peut aussi rapporter du pognon. On trouve ainsi dans ces échoppes une foultitude de cochonneries qui valent parfois le coup d’oeil comme ces objets d’art africains « made in China » (Ca doit être vraiment être terrible en Afrique : ils se sont même fait piquer leur artisanat local !!), ces matriochka russe jusqu’au bout du dernier copeau de contreplaqué ou encore et partout cette obsession autour d’Obama (rebaptisé ObamaO pour l’occasion).

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A peine le temps de faire un tour dans le marché aux thés où nous dépensons nos derniers yuans (je ferais un post sur le thé plus tard).

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Vive le tourisme et les touristes (care bleue par encore acceptée mais ça va vite changer)

L’achat du thé a des allures très cérémonielles. Vous trouverez ici le film de la préparation du deuxième oolong que nous avons dégusté.

Après celà nous avons sauté dans un taxi pour rejoindre Brian et une de ses admiratrices dans un restaurant…

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C’était de la cuisine du sud. En face d’Echo (c’est le nom de la couchsurfeuse jeune avec qui Brian a passé la journée)(Echo une fille qui a du répondant)(pardon), la matière blanche c’est du fromage de chèvre. Il n’y a qu’une région en Chine où on produit ce type de fromage qui est cependant perçu comme une « horreur » (les chinois ne mangent pas de fromage).

C’était fameux évidement. Il est impossible de mal manger dans ce pays où on peut -tout comme en France- réver les yeux ouvert à un bon plat. Il n’empêche ça avait quand même sur le fond entre deux parfums extrémement subtils, comme un arrière goût amère.

Nous partons demain.

24
Août
10

A l’hôtel nucléaire (Lianyungang)

Localisation géographique : 99 Puming Lu, Shanghai

AU LECTORAT : il s’agit probablement du dernier post publié en Chine car nous partons demain. Je n’ai pas pu publier plus tôt car je ne peux pas demander à notre hôte présent d’utiliser sa connexion Internet. J’essaierai de publier quelque chose de Moscou pendant notre transit si je mets la main sur le même réseau wifi qu’à l’aller. Stay tuned.

(suite du post précédent)

En arrivant à Lianyungang après une nuit de mélange des cultures (y compris biologiques mais je ne veux pas savoir quelles aimables cellules ont partagé mes draps cette nuit là) on était un peu naze. Ca tombait bien parce que la raison de notre venue dans cette petite station balnéaire de la mer de Chine était précisément de nous reposer. Comme il n’y avait pas de couchsurfeur pouvant nous héberger et aussi parce qu’on voulait être plus libres de nos mouvements on avait réservé deux nuits dans un hôtel.

Pour certains les Hôtels en vacances ça doit être des établissement style « Hotel California » où les gens s’aiment tout plein et parlent de destruction du kapitalissme en buvant du Coca, pour d’autre c’est plutôt les Hôtels à la Hilton (avec des Paris dedans), pour nous, les vacances c’est dans un hôtel « nucléaire ». Mais ça à ce moment du récit on ne le sait pas encore : on vient de charger nos bagages dans un taxi, et quand on a baragouiné dans notre chinois de contrebande les mots pour « hedian » et « hôtel » le chauffeur nous a fait signe que oui il connaissait.

Au début tout se passe bien, il prend une route puis une autre et encore une autre, on arrive sur une quatre voies (rien d’exceptionnel dans ce pays), on roule en cherchant du regard la mer qui ne doit pas être très loin. Mais de mer point. Plus le temps passe et plus se succèdent ces paysages faits de carrés de verdure pleins de rien suivis par des chantiers et des zones industrielles pleines de pas grand chose. Après un énième embranchement d’autoroute, notre chauffeur s’est enquis de quelques questions auxquelles nous n’avons compris goutte nous contentons de répéter ce mot magique: Hedian. Hedian, le nom de notre hôtel.

La route s’est singulièrement réduite : on est passé d’une quatre voie à une deux voies, puis une route goudronnée à ce qui ressemble désormais plutôt à un chemin de terre. Quelques chose, comme une étincelle de doute, le soupçon d’une impression m’incite à penser que nous pourrions quelque peu nous être fourvoyé. Le chauffeur passe un pont et s’arrête devant deux bâtiments miséreux. « Hedian » affime t il d’un ton péremptoire.

Je confirme : on est paumé.

Le spectable autour de nous ressemble un peu à celui que découvre Néo dans Matrix lorsque Morphéus lui montre la terre sous son aspect réel. Bon certes dans Matrix il n’y a plus que des machines à la surface de la planète, ici c’est un peu différent. Ca et là des types gratouillent la route à coups de barre à mine ou s’approchent en grappes d’un bâtiment d’aspect post guerre atomique. Si on regarde au loin on distingue toutefois clairement des machines : une forêt de grues et d’autres choses aux formes agressives qui se découpent sur un horizon morne et désolant. Dans le taxi par contre y a de la couleur et de la verdeur dans nos échanges. Il appert désormais de manière patente que nous ne sommes pas à l’hôtel Hedian. Nous en faisons part au chauffeur qui agrée et en convient sans se perdre en chinoiseries (ce qui est un challenge pour lui). Il finit par sortir son téléphone pour appeller quelqu’un, opiner du chef avec force conviction en se faisant visiblement engueuler, redémarrer en trombe et nous déposer 10 minutes plus tard devant l’hôtel Hedian.

Le sagace lecteur qui aura eu le courage de lire jusqu’ici sans passer directement aux photos se demandera ce qui a bien se passer. L’explication nous la trouvons en arrivant à l’hôtel. Un hôtel dans le plus pur style des constructions soviétiques des années 70 qui fleure bon le enèime congrès du PC soviétique invitant les frères chinois à fêter les dépassements des objectifs de production de blé par rapport aux objectifs du 23 ème plan quinquenal. En chinois « Hedian » veut dire « centrale nucléaire ». Pour le chauffeur de taxi nous n’étions pas une famille française en goguette mais une famille de techniciens russes venu réparer un truc sur la centrale, il était donc normal de nous amener dans les environs de la dite centrale (que nous n’avons pourtant pas vu). L’hôtel Hedian est donc l’hôtel nucléaire ! C’est écrit partout sur le matériel mis à disposition des visiteurs :

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Plus tard nous apprendrons que l’hôtel est géré par le conglomérat qui dirige la centrale nucléaire locale laquelle a été construite conjointement avec les soviétiques. Ca explique le nom de l’hôtel, l’atmosphère de pénombre envoutant des interminables couloirs de l’hôtel et les inscriptions en russe sur les murs. Il n’empêche, malgré son aspect un peu revêche, cet hôtel est trés bon. Il est impeccable, on y sert un petit déjeuner de fort bonne facture et atout dont peu d’hôtels français peuvent se vanter : toutes les chambres disposent d’une prise réseau avec connexion internet haut débit.

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Communisme : les couloirs longs et mal éclairés permettent de se recueillir sur le sens de la dictature du prolétariat. Accessoirement on peu aussi chouraver une ampoule sur deux sans ruiner la marche du progrès.

Après nous être remis de nos émotions nous profiterons de ces 3 jours pour découvrir la plage de Lianyunang sans grand intérêt et celles beaucoup plus enchanterresses de Liandao, une île facilement accessible par bus et taxi.

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L’île possède une route unique qui en fait le tour et mènent à deux plages privées où on considère le touriste avec les égards usuels des stations balnéraires : comme une pompe à fric. Il faut ainsi payer 50 Yuans pour accèder aux plages, après quoi débourser 10 Yuans pour accèder aux douches et encore 10 Yuans pour avoir droit à un casier permettant d’y laisser ses affaires…

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Bref : du vol organisé que n’arrivent pas à faire oublier une nature pourtant somptueuse et des paysages splendides.

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Une autre particularité amusante de Liandao est qu’elle semble être un « spot » de première catégorie pour prendre de photos de maiage. Il est donc fréquent au détour d’un chemin de tomber sur une jeune chinoise apprétée avec grâce et élégance pour une séance de photos que d’aucun qualifierait de « kitchissime » sous nos lattitudes :

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En bordure de mer on se retrouve donc à prendre des pauses de bonheur nuptial sensément romantiques mais qui se heurtent à la cruelle réalité : tout d’abord il fait une chaleur à crever puis ensuite et surtout si les (futurs) dames chinoises trouvent ennivrant de se faire prendre en photo par 40° à l’ombre, les messieurs, eux, ne sont pas enivrés mais saoulés. Ils le font savoir en trainant la patte et en ralant. Même en chinois : « je me fais chier » reste parfaitement compréhensible.

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Merveille de la nature : un mâle paon et une femelle humaine à la saison des amours.(NDLA : la fille joue du violon à ses deux canaris dans les cages qui sont à ces pieds, c’est propre et indolore et original comme fantasme).

Le soir nous rencontrons Shuwei, couchsurfeuse locale, qui nous faire une surprise culinaire : ce soir on dîne coréen.

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Après notre visite en Corée en 2008, Brian avait pris quelques cours de coréen. Il se trouve que les propriétaires du restaurants sont coréens. Gross success quand on demande de l’eau en coréen et qu’on commente avec forces détails et preuves d’amour les plats qui arrivent sur la table (en anglais).

Voici à quoi ressemble un repas typiquement coréen.

Commençons par une star incontournable, le bibimbap :

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Le bibimbap contient de la viande (du boeuf en général), du riz, un oeuf et de la sauce magique. Le secret du bibimbap réside dans son mode de cuisson : le récipient dans lequel on le cuit et on le sert est fait d’une matière qui a la particularité de conserver la chaleur à l’intérieur du récipient. Les saveurs des différents ingrédients se mélangent tout au long de la cuisson et de la dégustation.

Les autres éléments qu’on peut s’attendre à trouver sur une table coréenne sont les suivants :

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  1. Le soju : c’est un alcool de riz dont le goût et la force se situe entre la flotte chaude et le saké de combat des samouraïs. En général une bouteille suffit pour commencer à balbutier des trucs en coréens, 2 permettent de tomber amoureux de la terre entière.
  2. Les kimchis sont des petits plats qu’on sert systématiquement avant chaque repas (au restaurant ils sont déposés sur la table avant même qu’on apporte le menu). Le plus emblématique des kimchis est celui situé à la pointe de la flèche droite : du choux macéré auquel on ajoute du piment. Comme tous les plats épicés, les kimchis ont un fort pouvoir addictif et peu de Coréens seraient capables de s’en passer longtemps.
  3. Les nouilles : elles sont en générales faîtes à base de riz et servies froides.
  4. Le bulgogi : c’est le barbecue coréen classique, il se compose de morceaux de viande (boeuf en général) qu’on fait cuire sur un réchaud. On trempe ensuite le morceau cuit dans une sauce dite « sauce rouge », on ajoute un peu de piment, de l’oignon et on enroule le tout dans une feuille de salade. Si le mélange est bien équilibré on a l’impression de toucher l’essence même de la viande.
  5. « Mul », l’eau, particularité des tables coréennes : à l’inverse des tables chinoises on y trouve de l’eau fraiche (les chinois ne boivent pas d’eau en mangeant ou alors chaude…)
  6. Le joyeux compagnon : il est un élément indispensable à tous repas coréen qui se respecte.
21
Août
10

Being exotic : l’opéra, nuit de folie dans le train (Zhenghzou)

Localisation géographique : dans le bus, en route vers Shanghaï

Après l’épisode Shaolin, on était un peu refroidi. C’est toujours triste de constater qu’on n’a pas les moyens d’être Zen. En plus, le retour au milieu de la nuit à Zhengzhou dans une camionnette bondée, la recherche d’un taxi acceptant de nous mener à l’université et la traversée à pied dudit campus sans trop savoir où nous allions avaient quelques peu étanché notre soif de sérénité.

C’est à ce moment de l’histoire qu’apparait Luna. Elle était parmi les contacts CouchSurfing potentiels mais son emploi du temps ne lui permettait pas de nous héberger. On avait quand même convenu d’un pot ensemble avec une option sur une visite de la ville. Luna rentrait d’un an d’Erasmus en Italie (enfin de l’équivalent d’Erasmus, Marco Polo ?), elle passait les 10 jours qui la séparaient du retour à la fac dans sa ville natale où elle nous avoua ne plus connaître grand monde : nous étions fait pour nous entendre.

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Choses vues à Zhengzhou…

Elle nous a montré sa ville, le musée archéologique de la province du Henan, ses rues, elle nous a emmené dans un magasin de thé où on a trouvé un Pu’Er à damner un moine, au marché, au parc… En sortant du parc justement nous tombons sur ce drôle de Monsieur qui, nous entendant parler, s’approche et pose à Branka des questions des plus étonnantes sur l’utilisation des « question tag » en anglais.

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This guy asked us questions about « question tags », didn’t he ?

C’est ainsi que nous avons passé deux jours de plaisirs et de découvertes qui ont commencé par une visite du nouveau quartier de la ville.

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Je sais que mon panoramique est foireux mais il a été fait dans le bus entre Lianyungang et Shanghai à coté d’un type pour qui la taille de mon tour de ventre devait faire parti de ses fantasmes les plus fous. Pourquoi est ce que le seul gros du bus a le siège à coté du mien ?

Je ne sais pas si les chinois vont inventer ou ont déjà inventé la ville du XXIème siècle mais il est impossible en visitant ce pays de ne pas voir dans les milliers de chantiers qui se dressent partout un hymne à l’avenir. Dans les villes tout est neuf : ponts, routes, immeubles semblent sortir de terre avec une déconcertante facilité.

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Certains de ces grands ensembles sont des réussites mais tous n’échappent pas à une certaine déshumanisation… (A moins que ce ne soit mon esprit de vieil européen qui parle). La construction de nouveaux quartiers s’effectuant bien souvent à la place des anciens, certains chinois sont conscients qu’ils perdent ainsi une partie de leur histoire mais la marche à la modernité se fera quoi qu’il arrive et rien ne semble pouvoir l’arrêter.

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Vue sur les nouveaux quartiers de Zhengzhou

Nos pérégrinations pédestres nous mènent par hasard près d’un gigantesque bâtiment en forme de bulle. Un type en uniforme nous observe d’un air amusé. On (enfin : Luna) lui demande si on peut rentrer, il dépine du chef (NDLA : « dépiner » inverse d’opiner, néologisme inventé par l’auteur). C’est interdit ? « pas du tout mais c’est à cause de l’opéra » explique t il. Les yeux de Branka se mettent à briller car oui c’est bien d’une troupe d’opéra de Beijing qu’il s’agit.

La salle d’opéra est immense et le public occupe à peine la moitié des sièges. Une armée d’ouvreuses circule dans les travées et semble faire mollement la chasse aux quelques types qui exhibent des appareils photos. Une voix enregistrée rappelle avec un accent superbement américain que « in order to create an agreeable and elegant environment suitable for the performance please refrain from making any loud noise ». On en oublierait presque qu’on est en short et sandales…

Les lumières s’éteignent, la première des 3 parties commence. C’est superbe. Etonnant. Magique. Ca tient à la fois de l’opéra version européenne et du show acrobatique : certains combats avec échange de coups et de lances sont somptueux. J’ai du mal à résister. Il est si facile de basculer dans le crime. Sainte Albanel protégez moi ! Olivennes aide ton disciple ! Ce que je vais faire est mal. Mais la tentation est trop grande : Je sors mon appareil et prends discrètement une photo, puis deux, trois, je ne peux plus m’arrêter (même si la qualité est dégueulasse). Je glisse avec volupté du coté obscure de la force : j’active le mode « caméra » de mon appareil et me vautre dans le péché.

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Deux photos pillées à l’opéra de Zhengzhou. Le pillage numérique : dernière étape avant le snuff movie…

Heureusement : les dames qui patrouillent dans les coursives m’ont empéché d’aller trop loin. Sous réserve que l’upload se passe bien voici quatre courts extraits de l’opéra :

  • dans cet extrait le chef des gardes (de je ne sais pas qui mais bon) refuse de combattre l’héroine sous le fallacieux prétexte qu’elle est une femme (elle a quand même foutu en l’air la moitié de son régiment mais dans l’histoire il ne veut pas la toucher parce que c’est une fille. Tocard !)
  • Cet extrait et celui-ci sont des scènes typiques de combats qui sont scénarisés avec forces accrobaties (et encore j’ai manqué la scène d’introduction qui était vraiment magnifique).
  • Enfin cet extrait là , voit le roi singe hésiter (un peu) avant d’aller dérober les pêches (symbole de vie éternelle) que l’on voit à l’arrière plan.

Le lendemain est notre dernier jour à Zhengzhou. Le soir nous partons pour Lianyungang, station balnéaire sur la mer de Chine où nous avons réservé un hôtel pour 2 nuits. L’obtention des billets de train n’a pas été facile et sans l’aide de notre hôte, nous n’aurions pas pu y arriver. S’il y a un conseil pratique de ce voyage à retenir c’est bien celui-ci : sécurisez au maximum l’achat de vos billets de train en vous y prenant longtemps à l’avance (longtemps veut dire plus d’une semaine). Pour le reste, comme on va le voir, c’est assez rustique…

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La gare de Zhengzhou : lieu du début de l’action.

Avant le départ nous avons tenu à dévaliser un supermarché local afin de pouvoir tenir les 12 heures de train (de nuit) qui nous attendent. La visite de cet établissement respectable nous réserve quelques surprises que mon naturel humaniste ne peut que partager avec l’aimable assemblée des lecteurs. Voici donc ce que nous avons trouvé. Tout d’abord ce shampooing dont le nom laissera rêveur tous les français :

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Tous les matins pour avoir une toison capillaire soyeuse, je me frotte le crane avec Lecon.

Dans la section « for men only », les dames découvriront avec un ravissement bien légitime ce kit du dragueur compulsif qui ne saurait les laisser indifférentes :

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Rien que du classieux : du sent-bon « baisen » (histoire de lever toute ambiguïté), deux slips propres à déchaîner les pulsions les plus animales de la gente féminine et des préservatifs décorés avec une dame qui à l’air d’aimer le cuir, la domination et la poésie (aussi un peu)

Il y a un truc curieux avec les trains chinois c’est qu’ils ont calqué l’organisation du voyage en train sur celle du voyage en avion. On parle ainsi d’embarquement (« boarding ») et les voyageurs sont priés d’attendre dans des « waiting room » l’arrivée du train en gare.

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Notre waiting room privée à nous les voyageurs du train de nuit pour Lianyungang

De même la gare est clairement séparée entre la zone accessible au commun des mortels et celle où seuls les individus munis de billets sont acceptés. Pour nous accompagner Luna a du acheter un « billet de quai » (truc qui n’existe plus en France depuis au moins 20 ans mais qui trouve ici pleinement son sens).

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Luna notre sauveuse (billet de quai non visible sur la photo).

Chose agaçante car peu fréquente notre train a du retard. En me balladant dans la salle d’attente je fais quelques photos dont ces deux clichés de cette petite fille qui ne cesse de m’observer. Je suis si exotique !

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Being exotic…

Le train est enfin arrivé. Luna nous a accompagné jusque dans le wagon pour s’assurer que tout était ok et on est parti. Comme tous les trains que nous avons emprunté en Chine, celui-ci était bondé. Il y avait pourtant autant de personnes que de places, ni plus ni moins mais la vérité est qu’on avait du mal à bouger.

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Le train : une aventure communautaire intense.

Je jette un oeil sur l’habitacle qui m’est réservé pour la nuit. Sur le billet seule la rangée de couchettes est réservée, en théorie il est donc nécessaire de discuter le coup avec les autres voyageurs pour trancher la sempiternelle question « qui va où ? ». Dans les faits c’est le premier arrivé qui gagne ce qui me permet de m’installer sur la couchette du bas où je commence la rédaction du billet sur notre visite à Nanjing.

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Un environnement propre à encourager les contacts humains.

Avant de m’asseoir, je jette toutefois un oeil sur le drap. Bon. Comment dire. Ce drap n’est pas un jeune. C’est un drap qui a vécu. Il pourrait en raconter, il a peut être fait la révolution culturelle ! A vue d’oeil (je veux pas y mettre mon nez) il a du connaître pas mal de gens. Certains ont d’ailleurs laissé des poils en souvenirs. Il a des choses à dire le bougre, il est constellé de tâches qui sont autant d’étoiles propres à inviter à la réverie. Par exemple là, on distingue la grande Ourse. Bon pour faire un truc pareil, l’ourse en question ne devait pas être seule. A mon avis elle avait amené ses copines voir toute la tribu et je sais pas ce qu’elles ont fait mais je te prie de croire qu’elles étaient joyeuses ! D’ailleurs c’est bien simple : elles en ont mis partout ! Un moment je crois voir un truc bouger mais non, c’est juste un poil qui frissonne…

Pendant ce temps là je suis observé. C’est la plus petite qui s’est décidée la première, elle a ri et a déposé devant moi un genre de brioche (‘french bread » en plus ! ») puis elle s’est enfuie en riant encore plus fort. Elle a ensuite envoyé son frère qui s’est assis à coté de moi, a laché un « hello » et s’est marré avant de disparaitre à son tour. Enfin est arrivée la plus grande trainée par la petite. Elle a laché un « I not speak english » puis a éclaté de rire. Qui a dit que la barrière du language était un problème ? Dans « Adieu Gary Cooper », l’immense Romain Gary avait déjà esquissé une apologie de la barrière du language. J’aimerai bien en parler avec ces braves gens mais ça semble mal engagé. En attendant mon fan club a amené des potes. On commente la rédaction de mon billet sur Nanjing. Ils ont l’air d’apprécier, c’est agréable. Entre temps on m’a aussi apporté force bouffe et boissons que j’ai fini par refuser n’ayant rien à offrir en échange.

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L’amicale des lecteurs du billet sur Nanjing.

On a aussi essayé d’échanger nos noms puis on a renoncé. Ni eux ni moi n’arrivions à les prononcer sans les écorcher. A un moment ils ont tous détalé sans raison pour réapparaitre aussi sec comme par magie. La grande a ouvert sa main sur un lecteur MP3 (made in China). Bon. C’est de l’USB2, cette bonne vieille machine devrait comprendre. Le lecteur est plein de mp3. Elle veut qu’on en écoute un mais le garçon n’est pas d’accord sur son choix. Finalement la petite tranche et on reste comme des cons à écouter le fichier en souriant bétement. Sans rien pouvoir se dire. Et c’est bon…

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Août
10

Eté 2010 : pas de promo sur le Zen, on paie cash (temple Shaolin de DengFeng/Zhengzhou)

Localisation géographique : Lianlyogang, dans la forêt/jungle (?) en bordure de la plage.

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Zhengzhou est un gros noeuf ferroviaire à un peu moins de 1000 km au NO de Shanghai. La ville ne doit pas avoir plus d’une centaine d’années et a des allures très soviétiques avec ses immenses boulevards, ses immeubles trop vite défraichis et une périphérie qui semble n’être qu’un immense chantier. Nous sommes logés sur le campus dans l’aile qui abrite les professeurs et le personnel. C’est les vacances, le campus est une ville morte où s’aligne dans un ordre parfait des bâtiments tout juste sortis de terre. En temps normal, il y a ici 20 000 étudiants auquel il faudrait encore rajouter les 10 000 étudiants de la fac de médecine et les 20 000 de la section « management ».

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Le campus (détail)

Les éudiants sont polis et ne se mettent jamais en grève mais on a quand même situé le campus dans un coin isolé à 45 minutes du centre ville. Seules deux lignes de bus lignes relient poussivement le campus à la ville et même les taxi rechignent à s’aventurer dans ce trou paumé où ils sont certains de ne trouver personne à prendre sur le chemin du retour…

Pas plus ces détails mesquins que les deux heures de bus nécessaire pour rejoindre notre destination ne sauraient nous faire peur : ce jour là, nous allons visiter le temple Shaolin. Situé à 80 km de Zengzhou à coté de la ville de Dengfeng le temple Shaolin est célèbre pour ces moines, justes et fervents défenseurs de la veuve, de l’orphelin et de toutes les causes perdues qu’un coup de savate habilement placé peut résoudre. Les moines sont sensés vivre une vie de recueillement et d’ascèse purificatrice : ils n’ont pas TF1, ne mangent pas de viande et échappent par conséquent aux turpitudes de ce bas monde et de Jean-Pierre Pernault. Ils dédient leurs journées à la méditation et à la pratique de l’art qui les a rendu mondialement célèbre : le Kung Fu.

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L’entrée du temple Shaolin, ouverte aux âmes pures en quête de zenitude profonde (après le passage en caisse)

 

La sérénité, la quête de la sagesse, « l’unification avec le grand Tout qui est Rien et le grand Rien qui est Tout »© et l’inverse (© aussi) doivent toutefois s’inscrire dans le monde existant. Ainsi, la paix de l’âme n’est pas quelque chose qu’on achète mais qu’on éprouve à force de méditation. Il y a donc quand même un petit investissement nécessaire, un petit quelque chose qu’on met au pot -la méditation- pour un jour obtenir ce à quoi on aspire -la paix de l’âme- laquelle, dans cette perspective, peut être assimilée à un R.O.I : Return On Investment. Partant de ce raisonnement, 100 RMB/11 EUR dans une région où le revenu mensuel est de 1500 RMB est un bon R.O.I pour le juste épris de sérénité et de paix intérieure.

Délesté de 300 RMB, nous sentons le zen envahir nos corps toutefois encore un peu impurs car momentanément alourdis de devises et de cartes de paiement, sans compter les 563,46 RMB qui restent dans nos porte-monnaies respectifs, la monnaie du coca de Brian (4 RMB) et la boucle de mon ceinturon qu’on doit pouvoir facilement refourguer dans les 10/12 RMB et encore je te fais un prix parce que t’es mon ami pour la vie.

La puissance du Kung Fu est grande. Le temple et ses dépendances aussi. On commence par suivre un chemin qui est curieusement jalonné de cabines téléphoniques sur lesquelles sont juchées des Bouddhas tous les 20 mètres. Le chemin est aussi propre que la Suisse. Il faut dire qu’une armée de mingongs veille au grain, à la poussière, à la chiure de mouche bref à tout ce qui pourrait salir le bitûme et donc la vue du touriste. C’est beau, propre, net, immaculé, ça respire la sérénité et le pognon.

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Nous arrivons au « Shaolin training center », un panneau nous informe des heures des prochains shows de « Shaolin Kung Fu ». On a à peine 15 minutes à attendre, c’est jouable. On passe devant la « Shaolin Travel Agency », la « Shaolin sword factory » (l’usine de fabrication d’épées) et le « Shaolin souvenirs shop ». On reste zen et on fait la queue.

14h55 : plus que 5 minutes, j’ai du mal à faire le vide. Sans doute parce que je ne suis pas assez zen et qu’il fait chaud. Un petit chinois que son papa a équipé d’une épée Shaolin en bois travaille son attaque sur un de ses camarades.

15h : un type s’est approché de la barrière qui donne accès à la salle d’entrainement, il a jappé un truc en chinois puis est retourné se marrer avec un groupe de guides touristiques. Le petit chinois a fait fuir son compatriote. Il en a trouvé une autre, qu’il titille à coups de sabre pour éprouver sa réaction (elle a mal et n’aime pas trop).

15h10 : rien. Ca commence à grogner coté chinois. Je ne comprends rien des échanges entre ceux qui attendent mais une certaine tension, entretenue par la chaleur, est palpable. Le type qui est venu annoncer quelque chose tout à l’heure nous ignore superbement. Le petit chinois a fait un 2-0 contre ses compatriotes (victoire par forfait). Il s’ennuie et essaie de passer dans la forêt de jambes qu’il découvre à hauteur d’épée.

15h20 : Ca sent la poudre. Discussions de plus en plus énervées coté chinois. L’un d’entre autre s’est accroché à la barre verticale qui bloque l’accès au centre d’entrainement et l’a violement agité avant qu’un « officiel » ne sorte de sa torpeur et lui demande de se calmer (j’imagine). Le dit officiel a lâché quelques bribes d’informations qui ne semblent pas calmer la foule. Le petit chinois a découvert un nouveau jeu : se suspendre à la barre d’accès et lui donner des coups de sabre (ca fait du bruit, c’est rigolo).

15h30 : La tension est à son paroxisme. Certains chinois, éxédés ont commencé à quitter la file ce qui créé des mouvements de foules encore plus désagréables tant la chaleur, compacte, épaisse, rend tout contact avec un corps étranger -et donc collant- désagréable. Pour éviter un petit-chinois-cide les parents du cher enfant l’ont rappelé à l’ordre et sa mère essaie de le maintenir près d’elle. Il n’est pas d’accord et il a un sabre !

15h40 : on nous laisse enfin entrer. Le petit chinois se noie dans la foule. Bien fait.

La salle dans laquelle nous pénétrons est vide et climatisée. C’est la ruée pour les places. On se retrouve au premier rang, face à la scène. Sur laquelle 4 moines en position de combat nous regardent, inflexibles. Nous allons enfin voir et savoir…

Sauf que non. Un type se pointe sur scène et commence à haranguer la foule. Il agite des photos d’une main en désignant les moines d’une autre. Pour 100 RMB et un peu de zen, on peut se faire prendre en photo avec les moines ici présents. Un gamin s’avance. On lui désigne un tas d’armes en bordure de la scène. Il choisit deux énormes masses d’armes en aluminium du plus bel effet, se positionne au milieu des moines qui adoptent une pose agressive avec nonchalance. Clic. Flash. Bling. C’est fini. Au suivant. Ce scénario va durer un bon quart d’heure tandis que la salle se rempli. Puis finalement, avec une bonne heure de retard le show commence. Les lumières s’éteignent. La sono fait cracher un genre de pop agressive. Les moines rentrent. Superbe.

Bon. La, ici, il devait y avoir une vidéo. Mais il faut pour celà un plug in payant. Donc j’invite les ceusses qui veulent voir une poignée de secondes de nunchaku à cliquer ici, en version longue et (intro du show).

(c’est pas non plus hébergé chez dailymotion, ou youtube car c’est mal et donc censuré ici bas).

Remarque : j’ai filmé presque tout le show. C’est assez gros en vidéo (360 Mo). Je met tout ça à dispo dès que je rentre à la maison. Mailez moi si vous êtes intéressé(e)s.

On sort du spectacle un peu groggy. Et on poursuit notre visite en direction du temple. Cet endroit est un peu comme Disneyland. Un Disneyland du kung fu ou tout se décline en Shaolin truc. Il y a une agence de voyage Shaolin, des centres d’upgrade de Zen Shaolin (véridique !), des internet cafés Shaolin, une galerie d’art Shaolin, un restaurant Shaolin où on sert probablement le seul menu « vegan » de Chine (dans ce pays être végétarien c’est un peu comme aimer le bordeaux en Arabie Saoudite, alors être vegan….). La marque Shaolin se porte bien. On peut aisèment imaginer toute une gamme de produits sur lesquels elle pourrait se décliner.

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Propal de visuel pour le lancement du petit déj « Shaolin Breakfast Wu Chu » (campagne 2010-2011). Baseline : « Mets le tao dans toi ».

Faut voir grand : des tas de produits pourraient aisément bénéficier de la marque Shaolin : les céréales pour le petit déj (pour être zen et fort toute la journée), le shampoing (avec Shaolin, j’ai la chevelure souple et sereine), les préservatifs (Shaolin : souplesse et endurance !). Bref avec un bon business plan y a largement de quoi se faire des sous sereins !

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Consternation Zen : « hier le CAC s’est mangé 3 points dans la gueule »

Il n’y a pas à proprement parler un temple mais plusieurs temples qui se succèdent. On y retrouve les statues de Dieux géants et terrifiants usuels (c’est la photo utilisée plus haut pour le petit déj), ainsi que plusieurs autels et ces tripodes si caractéristiques dans lesquels les fidèles font bruler de l’encens.

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En plus des activités citées plus haut, le temple Shaolin est un centre d’entrainement réputé pour les arts martiaux. En pénétrant dans une cour nous découvrons une cinquantaine d’élèves pratiquant Taï Chi et Kung Fu sous la férule de moines vigilants. La vision de personnes décrivant lentement des mouvements dans l’air ne pouvant laisser Branka indifférente, elle se lance dans une séance de Taï Chi effrénée…

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Pendant ce temps là de l’autre coté du terrain, on travaille les techniques de combat :

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Plus tard j’aurais ma start up !

Nous terminons la journée par une visite à la magique « forêt des pagodes » qui est en fait un cimetierre où chaque pagode renferme les cendres d’un moine dont l’influence a marqué l’existence du temple. Etonnement c’est gratuit alors que c’est trés beau et que les subtiles variations de styles entre les pagodes permettraient de vendre des maquettes en kit à prix sympas.

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Pagodes gratuites

On est parti trés tard et on a réussi à louper le bus. Une âme sympa nous a diligement proposée de nous ramener à Zhengzhou pour 200 RMB. On avait tellement pris l’habitude de payer et on était tellement paumé qu’on a même pas essayé de négocier. J’ai quand même réussi à sauver la boucle de mon ceinturon et Brian 2 RMB sur la monnaie de son coca….

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18
Août
10

Où on parle de nourriture et de Sun Yat Sen (Nanjing)

Position géographique : train de nuit en direction de Lianyungang

J’ai tout de suite aimé Nanjing. Tout au moins le quartier de notre hôte. C’est un vieux quartier avec des bâtiments pas mal décrépis construits dans les années 30.

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Rues sales, tortueuses ou une foule innombrable de marchands proposent des nourritures aussi improbables que mystérieuses. Les étals dégorgent de fruits étranges aux formes extravagantes. (Il faut avoir trainé sur un marché en Asie pour réaliser la diversité des fruits et des légumes qui existent). Puis la foule évidement, immense, fantastique et qui vous regarde parce qu’on est quand même vachement exotiques avec nos visages tout blancs, nos nez énormes (c’est ainsi qu’on désigna les premiers européens) et nos jambes très hautes…

Notre hôte est avocat. Il s’excuse -comme tous les chinois- de la taille réduite de son appartement (répondre que « non vous ne trouvez pas », ne jamais dire « ce n’est pas grave ») alors que ledit appartement ferait le bonheur de plus d’un parisien.  Au cours de la délicieuse soirée que nous passons au restaurant, il nous présente la liste de ce que nous devons visiter.

Nous promettons sur l’honneur de la France de s’acquitter à minima d’une visite au mausolée du Dr Sun Yat Sen (qui était de toute façon prévue au programme). Le Dr Sun Yat Sen est le père de la nation chinoise moderne. C’est aussi le fondateur de la première république. Révolutionnaire infatigable (on lui attribue plus d’une vingtaine d’insurrections) il combattit toute sa vie pour établir les bases d’une nation chinoise libre et indépendante. Il louvoya entre les différentes puissances du début du 20ème siècle, fut beaucoup trahi et eut le bon goût de mourir suffisamment tôt pour que tout le monde s’accorde à dire que s’il avait vécu il aurait embrassé la bonne cause. Les communistes chinois lui auraient surement voué un culte à la Lénine si Mao n’avait pas imposé son propre culte de la personnalité.

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La comparaison du mausolée avec nos Invalides n’est pas une vue d’esprit tordue (le mien en l’occurrence) : la pompe, le culte dédié au lieu, l’emphase dans les commentaires en font bien un lieu d’expression du nationalisme chinois. Il n’y a pas ce coté cultuel que seuls les communistes savent entretenir avec cette même emphase quasi religieuse que JP Gaillard parlant du marché mais c’est uniquement parce que Sun Yat Sen n’était pas membre du parti (mais s’il avait vécu, surement, etc …).

Le lendemain matin nous partons donc visiter le fameux Mausolée. Il fait une chaleur à crever : il suffit de traverser la rue pour organiser son propre concours de t-shirt mouillé. Le problème avec Sun Yat Sen c’est que c’était un grand homme et que dans l’esprit d’une nation « grand » signifie « haut ». Le Mausolée est donc logiquement situé en hauteur. Ca donne quelque chose comme ça :

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La nation : une histoire d’hommes et de volonté !

Les conditions atmosphériques sont supers bonnes pour évaluer la fibre patriotique de chacun :

  • Température : 42 °
  • Hygrométrie : 74 %
  • Nombre de marches : beaucoup
  • Dénivelé : surprise !

On a attaqué la face Sud (la seule qui existe de toute façon) et après quelques litres d’eau et de sueurs on est arrivé en haut. C’est beau :

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Et on a du mal à imaginer qu’au loin là bas il y a une ville de 7 millions d’habitants… La beauté franche et virile du lieu ne peut pas nous laisser indifférent :

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L’émotion c’est aussi la sueur

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550 cl par bouteille, 4 packs de 18 bouteilles, 42°….

Après ces émotions patriotes, le soir, nous sommes partis au restaurant….

Il y a un proverbe chinois qui dit que les chinois mangent tout ce qui a 4 pieds sauf les tables et les chaises. Ca pourrait rester anecdotique ou au contraire ouvrir la voie à des abominations culinaires c’est tout le contraire. La cuisine chinoise n’a rien à voir avec ce que l’on croit en France. La cuisine qu’on appelle chinoise (nems, bouchées cuite à la vapeur) n’est d’ailleurs pas plus chinoise que la frite est française. Cette cuisine là est celle du Vietnam que les rescapés des guerres indochinoises ont amenés avec eux dans les années 70. En Chine du sud on retrouve bien la cuisson à la vapeur pour certains plats mais presque aucun chinois ne connait les nems ou les rouleaux de printemps. Si il y a un point commun incontestable entre français et chinois c’est qu’ils aiment manger. Et comme ils ont du goût, du génie pour les choses de bouche et que le pays est immense : les variations de la cuisine chinoise sont innombrables. Ce soir là, notre hôte voulait nous faire découvrir les spécialités de la région. Voici ce que nous dégustâmes…

Ca commence par quatre plats,

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Respectivement (en partant du haut dans le sens des aiguilles d’une montre) :

  • le canard salé, spécialité de Nanjing, c’est servi froid.
  • des tiges de lotus fourrées au riz gluant : c’est du sucré, la distinction salé/sucré n’étant pas une classification pertinente ici
  • une préparation au porc, spécialité de Zhenjiang
  • une spécialité de Shanghai : du canard servi avec une préparation de tofu

Classiquement avec les chinois : de la viande, de la viande et de la viande (le concept de « végétarien » n’a pas vraiment de sens ici et il faut s’habituer à se taper la moitié d’un zoo à chaque repas ). Notez qu’à de rares exceptions près le « plat individuel » n’existe pas : on dépose tout sur la table et chacun se sert avec ses baguettes.

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On continue pour changer avec du boeuf légèrement épicé, une coquille saint-jacques qui damnerait un pèlerin, une patte d’oie (!) servie dans une sauce aux ormeaux (« abalone » en anglais, si ce style de sauce existe dans la cuisine française je n’en connais pas la traduction) qui se laisse déguster sans soucis et un genre d’omelette aux calamars.

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Puis on continue avec une préparation aux calamars légèrement épicée et cette drôle de petite boule -la « crevette mystère »- qui contient une crevette cuite au beurre mais avec le beurre A L’INTERIEUR de la boule. Je ne sais pas comment le cuisinier arrive à réaliser ce prodige d’une croute croquante dont la texture s’adoucit au fur et à mesure qu’on s’approche du centre…

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Et pour finir une salade de cèleris cuits. Le « cuit » est important car c’est une des caractéristiques de la cuisine chinoise : tout ou presque y est cuit.

Ce qui fait en tout 11 plats pour 4 personnes. On reste dans la moyenne. Le repas se termine toujours par quelques tranches de melon d’eau que le serveur apporte en même temps que l’addition (« maitan »). Une autre particularité des restaurants chinois est qu’on peut aussi demander son propre salon. Voici à quoi ressemblait la table de notre première soirée à Nanjing :

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Le repas de ce soir là à Nanjing a du nous coûter 500 yuans (un peu plus de 50 euros) ce qui est hors de prix (mais il s’agissait d’un des plus grands hôtels de Nanjing). En règle général, pour 3 ou 4 personnes l’addition dépasse rarement 15 euros pour 5 ou 6 plats. Les vins sont hors de prix. On accompagnera plutôt le repas de bière ou de thé vert qu’on consomme comme de l’eau. Le terme « vin » en chinois ne correspond pas à notre brave rouge, par « vin » il faut entendre toute boisson alcoolisée et non sucrée. Les chinois ayant une prédilection pour les alcools « fort », il est dangereux de s’aventurer en ces terres inconnues. L’image du riche homme d’affaires chinois qui descend une bouteille de cognac en un repas n’est apparemment pas qu’un fantasme des producteurs de breuvage charentais : Hong Kong est longtemps resté le pays ou la consommation de cognac par tête était la plus élevée au monde (autant que je m’en souvienne, elle dépassait 1 litre d’alcool PUR par an et par personne, à 40° d’alcool ca fait donc près de 4 bouteilles de XO par citoyen).

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17
Août
10

Highway to heaven (Suzhou)

Situation géographique : université d’Etat de Zhengzhou, quelque part sur le campus…

Dans l’imagerie populaire usuelle, normalement c’est l’enfer qui est chaud. Le paradis lui est tempéré et plaisant. Un peu comme la pointe extrème sud de la Charente Maritime en mai, dans un rayon de 3300 m autour de la mairie de Saint Aigulin (3300 m pas plus, après on passe en Dordogne et c’est pas des gens comme nous). A 10000 km vers l’Est de la mairie de Saint Aigulin on trouve Suzhou. Pour les chinois, c’est avec Hangzhou l’autre coté du paradis : il y a des jardins, des canaux, c’est vert (et en plus on est loin de la Dordogne ou les gens pas comme nous et les chinois). Il était écrit qu’au paradis nous aurions chaud. Très. Enormément.

Ca avait déjà chaleureusement commencé : de Hangzhou on avait trouvé des billets de train sans difficultés. En Chine, il y a des billets avec place numéroté et des billets sans place numéroté. Comme les chinois sont nombreux et que la SNCF locale a une furieuse tendance à vendre autant de billets qu’il y a de demandeurs, les voyages se font dans une chaleureuse promiscuité entrecoupée de prises de langues entre ceux qui ont un billet avec place numérotée (dont nous faisions partis) et les autres qui veulent la place de ceux qui ont un billet numérotés (mais n’en ont pas). Un genre de lutte des classes ferroviaire en somme.

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Les voyages en train en Chine : une expérience humaine unique faites de rencontres et d’amitiés super proches

A Suzhou, nous avions rejoint l’appartement de notre hôte, Paul, et la soirée s’était terminée dans un restaurant de spécialités du Sichuan. On nous y avait servi ses plats délicieusement épicés qui ravissent le palet des hommes de bien et font chialer leurs tripes.

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Le poivre du Sichuan : ravissement suprème et racé des gastronomes

Le lendemain, nous partons pour le lieu qu’envie à Suzhou toutes les autres villes de Chine (et de Dordogne) : le « jardin de la politique des humbles ». Si en matière de cuisine, les chinois savent vous remuer (positivement) les tripes, en matière de jardins ils savent pareillement vous arracher des larmes. Ils ont une tradition et un génie qui toucherait même le plus rustre des dordognais. Il m’est difficile d’exprimer avec mes pauvres mots ce qu’est un jardin chinois. Il est préférable de fermer les yeux (tout en continuant à lire) et d’imaginer un savant mélange de couleurs, une pure ode à l’harmonie céleste qu’égaient ça et là de délicieux tableaux végétaux. Bref, c’est beau et ça déchire sa race de plantes vertes.

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Ici tout n’est que « luxe, calme et volupté » comme on écrit dans les brochures d’agence de voyage pour faire croire qu’on est poète

Le jardin est composé d’une foultitude d’essences végétales et de nombreux plans d’eaux. Le principe étant d’offrir aux visiteurs une succession de tableaux évocateurs. Les ponts reliant les différents points du jardin au dessus des plans d’eaux ont la particularité de ne pas être droits : c’est conçu à dessein pour empêcher les esprits malins de les emprunter. L’esprit malin chinois a en effet la curieuse habitude de ne se déplacer qu’en ligne droite. On pourrait avancer que l’esprit malin est quand même un peu con mais on ne va pas faire de commentaires sur les esprits étrangers car ca serait faire du mauvais esprit (ce qui n’est pas trés malin). D’ailleurs les dordognais aussi se déplacent souvent en ligne droite ! Sauf quand ils sont bourrés. Mais on s’écarte du sujet.

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Un pont doté d’une subtil dispositif anti-esprit malin

Le jardin est aussi célèbre pour ses lotus. Même si ce n’est pas la saison de la floraison, nous observons quelques superbes spécimens. Pour les chinois, le lotus est paré d’un nombre extraordinaire de vertus. On consomme également ses racines et le bulbe de la fleur qui contient des graines soignant à peu près tout (et dont le goût me rappelle vaguement le marron).

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Les feuilles de lotus sont aussi utilisées par les petits chinois : en les retournant ils en font d’élégants et très seyants chapeaux (chinois également)

En sortant du jardin, nous déambulons un peu dans le vieux Suzhou, entre canaux et rues étonnement calmes.

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Les canaux de Suzhou permettent aisément aux tours operator en mal d’inspiration et un pue poète de donner à la ville le surnom de « Venise de l’Asie » (et aux TO chinois de donner à Venise le surnom de « Suzhou de l’Europe » j’imagine)

Normalement, nous avons prévu de retrouver Brian à la station de bus à coté de la vieille ville à 13h30 (l’opération « réveil » du matin ayant été un échec).

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Les abords du jardin : on y cuit doucement.

Au début nous avions prévu de l’attendre à deux mais la chaleur est trop forte. Nous décidons de nous séparer : l’un va trainer dans un coin climatisé l’autre attend. Il est 13h15 Brian ne devrait pas tarder. Je prend le premier tour de garde. Je transpire déjà avant de m’asseoir à l’arrêt de bus. L’attente commence. L’attente dure. Naturellement Brian n’arrive pas. C’est dans ce contexte que j’ai inventé un nouveau jeu : le « Rorschach de la soif ».

Le « Rorschach de la soif » est un jeu qui s’inspire des travaux du docteur Rorschach inventeur du test éponyme. Pour rappel, le test de Rorschach est ce test psychologique qui consiste à étaler de l’encre sur une feuille que l’on plie en deux puis qu’on déplie et présente au patient. On lui demande ensuite de décrire ce que lui inspire les tâches ainsi produites. Bien évidement il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses, c’est au praticien de juger de l’état du patient en fonction des commentaires qu’il donne (si par exemple il dit ne voir qu’une stupide tâche d’encre c’est qu’il est psychotique). Le test de Rorschach est un peu comme avec le consulting : c’est le patient qui fait le boulot et le consultant/praticien qui facture.

Pour pratiquer le « Rorschach de la soif » il faut :

  • Un arrêt de bus en plein soleil
  • être vétu d’un short de couleur beige ou claire
  • être un peu agacé

Les règles du jeu sont les suivantes :

  1. poser le molet de la jambe gauche sur le genou droit (ou l’inverse)
  2. attendre quelques minutes
  3. enlever la jambe : votre genou droit est maintenant décoré d’une superbe tâche de sueur de forme irrégulière et du plus bel effet
  4. analyser
  5. recommencez si Brian n’est pas arrivé

Après 45 minutes de jeu, Brian est venu interrompre la partie. On était un peu agacé et on aurait pu continuer à jouer mais il faisait trop chaud pour qu’on discute de quoi que ce soit d’autre que trouver une coin sous clim..

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Vu dans une librairie !

13
Août
10

stairway to heaven (1ère marche) – [ Hangzhou ]

Situation géographique : Nanjing, vendredi soir , samedi matin, tard…

Un proverbe chinois dit que « au ciel il y a le paradis et sur terre il y a Hangzhou et Suzhou« . Comme nous n’aspirons pas encore au paradis céleste nous nous dirigeons vers le premier paradis terrestre chinois : Hangzhou.

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Hangzhou est une petite bourgade de 7 millions d’habitants connue pour sa douceur de vivre, son lac et la qualité de son thé. (Ils doivent aussi surement produire un pinard local dont la gente masculine exhibe le degré d’alcool avec fierté mais ormis un dérivé d’alcool de lichi nous n’aurons pas l’opportunité d’y goûter).

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Objectif à 30 cm : même pas peur !

A notre arrivée nous sommes accueillis par Xinjue et Zhaowei qui ne sont pas des couchsurfeurs mais les amis d’une des (nombreuses) profs de chinois de Branka. Je ne sais pas s’ils sont aussi représentatifs des habitants typiques de Hangzhou mais leur gentillesse et l’attention qu’ils nous ont accordé durant le séjour pourraient largement prendre part au tableau paradisiaque que nous dépeignent tous les chinois lorsqu’on parle de cet endroit.

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Nos exceptionnels hôtes …

Ils ont déjeuné, nous pas. On part pour le restaurant. C’est une batisse assez grande qui affiche un âge probablement respectable. On attend. C’est à cet instant que je la remarque. Elle love en entrelancements suggestifs les replis de son dos cuivré qu’ornent de lascives arabesques. Ses spires m’attirent. Dans sa nudité indolente, elle ne semble pas me remarquer. Nous sommes séparés par un grillage et un simple papier sur lequel un griffonage m’indique le prix de son unique prestation. 150 Yuans. Ca fait cher l’enlacement (enfin plutôt le désenlacement en ce qui la concerne) mais comment résister ? Je m’approche vers Zhaowei pour lui faire part de mes mâles souhaits. Enfer : le restaurant est fermé !

Alors que tu m’offrais toute toi si près, si simplement ….

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Mon amie l’aspic (en sursis)

Petite coquine d’aspic ce n’est donc pas aujourd’hui que je te croquerai toi ou un membre de ton espèce… Ce qui est terrible dans cette rencontre (gastronomique pour moi / définitive pour elle) c’est qu’on a fini par déjeuner dans ce restaurant mais que tout avait été préalablement choisi par nos hôtes. Dans l’incertitude de l’issue du combat finale autour de « qui va payer » je n’ai pas voulu demander quelque chose de cher et apparement pas si commun que celà en Chine. Gente serpentine : 1 point – Humains zéro.

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Le lendemain, nous partons à la découverte du lac. Les chinois en sont fous. La simple évocation du lac de l’Ouest de Hangzhou déclenche immédiatement des regards d’envie et des torrents de compliments sur sa beauté et la douceur de vivre à Hangzhou. Dans le film « after shock » qui retrace l’histoire des survivants d’une famille au temblement de terre de Tangfang (1976), l’une des héroïnes récupérée des décombres de sa maison est envoyée pour récupérer à … Hangzhou parce que c’est « l’endroit idéal » comme le précise plusieurs fois un personnage du film.

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Ce havre de paix n’a effet rien de la Chine moderne : son lac admirablement préservé est entouré de forêts et la ville affiche clairement ses ambitions écolos. Ses rues affichent une nonchalance qu’on pourrait presque croire méditerranénne. Au détour d’une route nous tombons sur la version locale des vélibs :

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Les vélos sont moins massifs mais les bornes de stationnement sont strictement identiques. L’identification se fait via une carte privative similaire au pass navigo de la RATP. A la différence de Paris la municipalité a retaillé les avenues et les rues pour créer de véritables pistes cyclables. Je tente de vendre la réalisation d’un benchmark Velib Paris Vs Velib Hangzhou à Branka et Brian. C’est un échec.

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Une autre spécificité de Hangzhou ce sont les rues de son petit centre ville. Elles ont été préservées et transformées en zone piétonne puis en zone exclusivement dédiée au tourisme. Elles ressemblent point par point à l’imagerie naive que nous nous faisons de la Chine. Zhaowei m’a pourtant assuré que cette rue (Hefang lu) était une rue authentique qui ne devait son exceptionnel état de conservation qu’à la volonté de la municipalité. Nous en profitons pour entrer dans une maison de thé. La « promesse produit » de l’endroit (comme on disait dans ma verte et naïve jeunesse de publiciste) est le service « kung fu style ». Bon. Effectivement, un type se pointe avec un genre de mini seau et lui fait subir forces rotations avant de le passer par dessus son épaule pour prestement balancer un jet de flotte dans la théière devant nous. C »est un peu couillon mais ça impressionne les touristes que nous sommes. Le thé est moyen mais il est servi avec des tas de cochonneries à grignoter dont ce snack fabuleux : des petits pois secs à l’ail.

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Les salons de thé de Hangzhou la paradisiaque ne sont pas un super coin pour draguer.

Nous sommes dans un coin touristique. Parmis les magasins qui bordent Hefang Lu on trouve quelques merveilles comme ce cendrier « Obama » qui ne dépareille pas avec le mug Mao :

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Obama, le grand timonier (Chinese remix)

L’âme masculine esseulée qui n’aurait pas réussir à conquérir la créature de ses rèves au paradis chinois après :

  • l’avoir emmenée en maison en thé (et subséquemment tenter de l’embrasser avec la bouche remplie de petits pois à l’ail – échec)
  • lui avoir offert une superbe cendrier à l’effigie d’Obama affichant un col Mao (elle ne fume pas – échec)

peux tenter l’approche économique en offrant un sac de marque.

Dans ce cas, inutile de recourrir aux pâles copies de Vuitton (qu’on décline ici en « Vuibton », « buitton » et autre tons), une seule marque s’impose pour assurer ses arrières : le Fion.

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« Le sac FION le sac des filles qui en ont »

Nous mettons cette curiosité sémantique sur le compte des différences culturelles et partons dès le lendemain pour le deuxième paradis chinous : Suzhou…

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11
Août
10

Dans la chaleur du PCC… (Shanghai)

Situation géographique précise inconnue : dans le train entre Hangzhou et Suzhou.

Photo de situation :

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Le 7 août, nous décidons de visiter l’ex quartier de la concession française ET les jardins Yu dans la vielle ville Shanghaï. Nous nous rendons à la station Shaanxi lu. Un désaccord sur la raison de notre présence ici, la pertinence de visiter des trucs « vieux » et plus généralement le sens de la vie éclate entre la partie jeune de la famille et les vieux. Nous décidons de nous retrouver et de nous réconcilier à 13h en face du musée dédié au premier congrès du PCC sis huangpi nan lu.

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A coté du Shanghaï ultra moderne et hyperactif des environs de « People’s square », la concession française a des allures de havre de paix. Havre de paix anémié certes mais havre de paix quand même. Ici l’individu qui essaie de traverser la route sans regarder a de grandes chances d’y arriver.

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Sur la rue Shaanxi une boulangerie française affiche fièrement ses spécialités : pain de mie et croissants avec des choses dedans.

En nous promenant nous découvrons quelques traces -anecdotiques- de la présence française. Comment ne pas reconnaître la France dans ces allées délicieusement ombragées par 35°, dans ses devantures de magasins de mode qui offrent à l’âme en quête de grandeur et de liberté des vêtements distingués pour une poignée de milliers de Yuans (à peine un smic) ?

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« Condom vending machine for strong man » : le romantisme à la française n’a pas totalement disparu du quartier

Nous déambulons sans but lorsque nous tombons sur cette merveille d’hôtel, qui est en fait un véritable micro quartier dans ce quartier lilliputien. Le silence au milieu d’une ville de 15 millions d’habitants y est presque abrutissant. c’est manifestement un coin pour riches. Ne serait ce notre air de savoir où nous allions, le type de la sécurité ne nous aurait jamais laissé entrer. Nous dégustons un thé Pu’Er somptueux….

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Bizarrerie de l’orient : les bâtiments de « the economist » sont situés au sein de la concession française.

A ce point de notre ballade nous nous séparons : Branka doit retrouver Brian au musée du premier congrès du PCC et je dois tenter ma chance pour acheter un téléphone portable « pas cher » dans une boutique du coin. Elle part. L’achat de portable tourne à l’échec : sans passeport point de salut et ma carte d’identité qui a fait l’Inde, la Corée et Hong Kong ne rassure pas plus la vendeuse (alors qu’on voit pourtant super bien mon nom sur le lambeau idoine). Après 15 minutes de vains efforts je me retrouve dans la rue. Objectif : rejoindre Huangpi Nan Lu. Procédons par ordre : Lu c’est « rue ». Facile. Nan évoque sans risque d’erreur possible les pains indiens. Par rapport à la concession française, l’Inde est à l’Est. C’est aussi un peu au Sud mais je suis déjà moitié paumé on va pas chicaner sur quelques milliers de kilomètres. Donc : Nan = Est. Il faut donc trouver le coté Est de la rue Huangpi. Niveau 1, facile (« piece of cake ! »). Je me mets en route en demandant régulièrement mon chemin. En 30 minutes je croise successivement et entres autres :

  • un groupe de trois jeunes naïades qui m’ont trouvé très rigolo mais incapable de dire autre chose que « Huangi nan lu » (je ne suis d’ailleurs pas sûrs qu’elles aient compris)(parmi les multiples problèmes de communication qui m’affectent il y a l’accent).
  • un anglais qui venait de Manchester mais vivait ici parce que c’était mieux et qu’on pouvait même y refaire sa vie après un divorce comme lui mais qu’il fallait se méfier de la gente féminine d’une manière générale (je résume)
  • un type qui m’a parlé de la France en disant des trucs qui, je pense étaient liés soit au foot, soit à la politique, soit aux vendanges tardives 2010 à moins que ce ne soit une longue évocation de la mer (qu’on voit danser parfois le long des golfes clairs)(en été seulement)

Pour résumé, des tas de gens avec qui mes rapports furent brefs mais enrichissants puisqu’ils me permirent de rejoindre le musée du soleil radieux qui illuminera l’avenir de l’humanité et du genre humain après la qualification du FC Hangzhou en D2 : le musée du premier congrès du PCC.

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La pénurie de militants conduit le PC à recruter à l’étranger

Le maintien des gardes, la mise en scène très cérémoniale du musée, le refus du personnel de me laisser entrer avec la bouteille de pinard destinée au dîner avec d’autres couchsurfeurs du soir attestent que nous entrons dans un lieu de culte. Que le lectorat ne se laisse pas abuser par le ton du récit : il FAUT visiter ce superbe musée promoteur d’une vision de l’histoire qui met les chinois au centre de leur histoire. Ici pas d’atermoiement sur la présence étrangère à Shanghaï, les ravages de l’infâme guerre de l’opium, la manière dont furent négociés les « traités » et le régime imposé aux locaux par les occidentaux.

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La politique expliquée aux enfants, leçon n°1 : savoir négocier.

Après le musée l’objectif était de nous diriger vers le nord, pour visiter les célèbres jardins YU situés dans la veille ville. Nous nous mettons en route. Progressivement le Shanghaï propre et cosy de la concession française laisse place au vieux Shanghaï. Il faut imaginer un assemblement hétéroclite de bâtiments étouffés entre lesquels se glissent des rues de plus en plus étroites. Sur les cotés des étals, souvent simples cartons entassés, dégorgent de produits venus de toute la galaxie : téléphones portables, ustensiles de cuisines, pneus, montres, pièces mécaniques, DVD de vidéos les plus interlopes (un type se précipite sur Branka pour lui montrer une image représentant une dame toute de cuire vêtue avec un fouet et la bouche couverte d’un bandeau de cuir)(Branka n’est pas intéressée : on sent qu’il est intérieurement blessé), mogwaï, etc…

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La vieille ville coté « pas touristique ». La rupture entre quartier moderne et quartier en sursis est brutale…

Les rues sont sales et baignent dans une odeur indéfinissable qui n’est pas sans rappeler les effluves qu’on peut humer aux environs des cantines scolaires anglaises, sauf que eux, à Shanghaï, c’est à cause de la misère. Puis Le paysage change à nouveau rapidement. Les rues redeviennent propres et typique du Shanghaï riche avec son armée de Ming Jong nettoyeurs. Nous arrivons dans la vieille ville, coté « tourisme ».

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La vieille ville coté « tourisme » : c’est magnifique mais populeux…

Nous nous frayons difficilement un passage jusqu’au jardin Yu pour découvrir que le temps qui nous reste est ridicule. Notre frustration est grande car les quelques parties que nous arrivons à visiter sont superbes.

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Un des dizaines de « tableaux visuels » qui s’offrent à nous mais dont nous ne profiterons pas.

La rage au ventre nous remontons sur Pudong, le quartier déclaré « zone économique spéciale » il y a une vingtaine d’années et qui concentre une part non négligeable des investissements mondiaux destinés à la Chine. Nous voici dans le XXIème siècle. Je ne sais pas comment nous avons réussi à trouver l’appartement d’Alice qui a invité quelques couchsurfeurs autour d’un repas spécialement préparé à notre attention.

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A droite de Branka la famille Chen qui nous a hebergé durant cette première étape à Shanghaï. C’est dommage : on ne voit pas la bouteille d’excellent vin chinois amené par les deux filles belges (au fond encadrant Alice en t-shirt rouge).

La soirée s’est terminée assez tard. Soirée trés sobre. On a parlé comme toutes les rencontres de couchsurfeurs des choses usuelles : bon plan, trucs, adresses à visiter ou éviter. Détail amusant : nous retrouvons au cours de ce repas Juno, coréen, qui nous avait hébergé il y a deux ans. Le lendemain nous partons pour Hangzhou.

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09
Août
10

World expo : exhibition mondiale (Shanghai)

Position actuelle : chez Xin Jue & Zhao Wei, Hangzhou, le 9 aout tard.

A Shanghaï même le dernier des geeks ne peut pas ne pas être au courant. Elle est partout : en affichette chez les milliers de commerçants qui servent les millions d’habitant, sur toutes les pub vu, lu, entendu dans le métro, les taxis, les bus, à la TV, la radio. Partout. L’expo universelle est partout.

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Il est difficile de décrire l’importance de la mobilisation que cet événement a suscité. Le gouvernement a fait appel à des « volontaires » pour effectuer les milliers de tâches bénignes mais indispensables au succés de l’expo. Par milliers les candidats ont répondu à cet appel. Vétu d’un uniforme conçu pour l’occasion on les trouve partout : dans les stations de métro où ils renseignent les voyageurs, dans la rue où ils distribuent prospectus, éventails et information. Chen, notre hôte nous a expliqué qu’il était commun aux étudiants et aux jeunes de postuler pour ce genre de tâche. Il y a cependant bien plus q’une qu’une « habitude » propre aux étudiants chinois : l’expo est aussi un moment de fierté nationale. Un genre de « China pride » du XXIème siècle.

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La région rhône Alpe essaie de combler le déficit de la balance commerciale française : ce superbe côte du Rhone, classé naguère « vin du mois » chez Flunch, est vendu plus de 10 euros la demi-bouteille !

Même à l’échelle chinoise l’expo est impressionnante. Au pavillon hollandais, une vidéo nous ressasse des chiffres qui donne une idée de l’ampleur du chantier : 55000 personnes « relogées » (!), 200 pavillons construits, un pavillon de taille respectable comme la hollande a nécessité l’utilisation de 450 t d’acier et emploie 250 personnes, une journée moyenne comme celle du 6 août c’est 340000 visiteurs. On en attend 70 millions … Au passage la municipalité en a profité pour faire passer d’autres messages : afin d’être digne, Shanghaï ne doit plus voir de « vendeurs de rue », de même « étendre le linge à l’extérieur » ou « sortir en pyjama » (?) sont désormais des attitudes inciviles…

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Le pavillon norvégien : un choc esthétique par 36°

Il est aussi amusant de constater comment les slogans politiques de naguère ont été remplacés par les slogans auquel le management « moderne » fait appel : message simpliste à outrance, appel vibrant d’émotion à la solidarité, à l’amitié et à l’amélioration des performances. Les « faisons toujours mieux » de Philips répondent parfaitement aux « let’s do better » et « better city, better life » (le slogan officiel) de la world expo et autres simagrées linguistiques. Foin de ces considérations, nous voici dans l’expo.

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L’arrivée à l’expo : moment de ravissement pour Fang Yi (notre guide) et de profonde joie intérieure pour le jeune sur la gauche

Nous sommes accompagné de Fang Yi le fils de notre hôte qui se révélera un guide avisé et collectionneur hors pair de « stamps ». La direction de l’expo a eu cette géniale idée d’imprimer quelque millions de « world expo passport ». A la sortie de chaque pavillon, on peut faire tamponner son passeport. Il n’y a rien a gagner mais les chinois adorent. Pour visiter certains pavillons il faut parfois patienter des heures (on parle de 6 h d’attente pour voir le pavillon chinois). La visite ne peut durer que quelques minutes mais il n’est pas rare de voir les chinois sortir enfin de la queue pour visiter un pavillon et se remettre aussitôt en file pour faire tamponner leur passeport.

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Flux migratoires : la quote du tampon sénégalais en hausse au pavillon africain.

Il est assez amusant de dresser une évaluation des quotes des différents pavillons en s’appuyant sur l’indicateur DQM façonné par votre serviteur (Durée de Queue Acceptable). D’entrée la Chine est éliminée, sa DQM est de 6 heures et surtout elle est située dans la zone « Asie ». Elle draine un nombre énorme de visiteurs qui, découragés, se reportent sur d’autres pavillon mitoyen. Nous ne verrons donc pas au grand regret de Brian le pavillon Nord Coréen, ni le pavillon iranien qui est voisin. Surtout nous nous efforçons de trouver un acceptable pour Fang Yi qui nous désigne les pavillons en fonction d’un classement propre : j’ai le visa/j’ai pas le visa. Cette perception de la réalité politique du monde est stupéfiante !

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Le pavillon Australien : niveau 1, trop facile d’obtenir le visa.

Nous décidons de laisser de coté les pavillons trop restrictifs en terme de visa : l’Allemagne, la Belgique et la France évidement (le service d’ordre serait capable de contrôler notre identité, on ne sait jamais : le nombre d’étranger au mètre carré est inquiétant).

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L’allemagne : pavillon inaccessible

Certains pavillons sont magnifiques et rivalisent d’originalité. La division entre pays riches et pauvres est clairement visible ici aussi.

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La Suisse : des petites boules rouges pour faire joli, des murs impénétrable pour ne pas  voir qui y entre et en sort -> pays riche

En terme d’originalité, ma préférence va au pavillon du Royaume Uni :

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Le pavillon anglais : un truc avec des poils genre fourrure métallique -> pays riche

Meme si ce n’était pas notre intention première nous avons pu visiter le pavillon français. C’est assez simple : se présenter à l’entrée VIP et gueuler : « vive la France » et une dame vous demande en chinois si vous êtes français. Il suffit de lui répondre « oui je le suis » en chinois pour qu’elle comprenne et après on peut rentrer. De l’extérieur le pavillon ne m’a pas frappé mais l’intérieur aménagée en un long couloir circulaire qui descend est une réussite.

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Pavillon français : la déco aurait été supervisée par Carla Bruni.

Les délégations des pays participants essaient en générale de promouvoir le tryptique usuel : art/culture/haute technologie. Certains proposent aussi des produits gastronomiques. Nous pouvons témoigner à cet effet de succès fulgurant de la frite belge (bien supérieur aux quelques vins régionaux proposés par deux stands régionaux français anémiques : la région Rhône-Alpes et l’Alsace).

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Pavillon belge : le succès fulgurant de la frite belge pourrait doper le cours de la patate européenne !

En tout nous avons visité, une trentaine de pavillons.

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Les pavillons polonais, serbe, italien, espagnol, slovaque et roumain.

A l »exception du Maghreb, les pays africains n’avaient pas de pavillon en leur nom propre. Ils étaient rassemblés sous un pavillon unique. Un espace « marché » était ouvert et recelait d’intéressantes découvertes :

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Fang Yi a du récolter une quarantaine de visas dans la journée… Ce garçon est prodigieux !

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